LE LYCÉE PIERRE DE COUBERTIN : VOYAGE MÉMORIEL AU STRUTHOF
Trois jours après la journée de la déportation (27 avril), deux classes du lycée Pierre de Coubertin, se préparaient à un voyage mémoriel au Struthof, le mercredi 30 avril : la 1ère Bac MELEC1 (métiers de l’électricité et de ses environnements connectés) et la Seconde 3, sous la houlette de Mesdames Liagre, Bernier, Miraille et de Monsieur Razafindrakoto. C’est ainsi que les élèves levés tôt partirent dès 5 heures du matin. Il faisait encore nuit et les élèves en ont profité pour sombrer encore, quelques instants, dans les bras de Morphée. Le Struthof étant situé, en Alsace, dans les Vosges, tous les élèves savaient que le trajet serait long mais tous ont vivement accepté de découvrir ce lieu de mémoire, unique en France.
Après plusieurs heures de route et un petit arrêt, une pause déjeuner s’imposa, aux abords du Struthof, centre européen du résistant déporté.
Les élèves ont commencé la visite, avec un livret à compléter pour découvrir ce camp de concentration. Ils ont pu ainsi comprendre le système concentrationnaire nazi, à travers le Struthof et aussi s’instruire sur la création de celui-ci, à 800m d’altitude où se trouvait, avant sa construction, une station de ski.
Ils ont été préparés à cette visite, par leurs professeurs, notamment, en travaillant sur un témoignage d’un ancien déporté du Struthof, Roger Boulanger : celui-ci, fut déporté, à 17 ans, en novembre 1943, parce qu’il avait refusé de rentrer dans la Wehrmacht, comme beaucoup de Lorrains et d’Alsaciens, après la défaite de la France, en juin 1940. Il vécut toutes les horreurs que l’on peut vivre dans un camp de concentration : déshumanisation par les insultes, les coups de bâton, les chiens agressifs, les appels interminables sous un froid vosgien glacial, la faim constante, un travail accablant, assister à une pendaison le jour de Noël ou à des passages à tabac, sans pouvoir réagir, et surtout les douches dont l’eau chaude était produite par la crémation des cadavres. C’est ainsi que le commandant Kramer du camp disait régulièrement que les déportés finiraient tous ainsi.
La stèle réalisée par Bertrand Monnet, devant laquelle les élèves ont posé, représente une immense flamme de 40 m, celle du crématoire, dans laquelle se trouve une silhouette étirée symbolisant le déporté. Cette stèle est un lieu dont le corps du déporté inconnu est placé à l’intérieur du caveau, au pied du mémorial. A l’intérieur, une crypte contient 14 urnes provenant de différents camps de concentration. L’art est aussi un témoignage de la Mémoire comme les nombreux dessins exposés, dans le camp, du déporté norvégien Rudolf Naes
C’est pour cette raison que cet ancien camp est une nécropole nationale : 22 000 déportés politiques ou résistants y ont été assassinés parce qu’ils s’opposaient au régime nazi. Les cendres de leur corps reposent partout, dans le sol du camp.
Et c’est ainsi que les élèves, ayant en mémoire, les propos de Roger Boulanger, ont découvert le lieu de pendaison ainsi que le four crématoire à proximité des douches, la longue montée pour faire l’appel. L’émotion se lisait sur leur visage.
La visite se termina par la chambre à gaz, installée en contrebas du camp, dans une ancienne salle des fêtes. Elle fut utilisée pour gazer 86 Juifs venus d’Auschwitz, pour enrichir la collection anatomique de squelettes du professeur Hirt.
Tous les élèves et les enseignants ont été sensibles à la générosité de Monsieur le maire de Meaux, Monsieur Copé, pour nous avoir permis de faire ce voyage. Nous remercions également ses collaborateurs.
Ainsi, par ce voyage mémoriel, les élèves se sont approprié une mémoire, pour pouvoir la transmettre. Relais contre l’oubli des crimes contre l’Humanité, ils sont partis du camp, forts d’une expérience inoubliable.